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Carina Round, juillet 2016
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Avec la sortie de Deranged to Divine dans quelques jours et de quelques concerts au Royaume-Uni le mois prochain, j'en ai profité pour poser quelques questions à Carina Round sur sa carrière solo mais aussi sur Puscifer, elle qui est à présent aux côtés de Mat Mitchell la principale collaboratrice du groupe.

Salival : Salut, Carina ! La tournée de Puscifer en Europe vient de se terminer. Tout s'est bien passé ? En tout cas, vous avez fait forte impression, même au Hellfest où la musique est plus heavy.
Carina Round :
C'était super. Nous avons joué dans des endroits très différents, que ce soit dans des théâtres ou des festivals de métal, et la réception du public a été favorable dans l'ensemble. Je pense que la prestation de Puscifer, avec ses spécificités et son caractère unique, a une portée très large. Qu'importe le recul que tu prends pour regarder ou écouter cela, il y a toujours quelque chose qui te parle là-dedans.

Il y a maintenant la sortie prochaine de ton double album rétrospectif. Est-ce là l'occasion de jeter un regard en arrière avant d'aller plus loin ?
J'ai sorti cet album en partie parce que je savais que j'allais parcourir l'Europe avec Puscifer, sans oublier le fait que notre dernier album a été très bien accueilli. Il a attiré beaucoup de nouvelles personnes, et je voulais proposer à ceux qui n'avaient encore jamais entendu parler de ce que j'avais fait en solo quelque chose d'à la fois cohérent et éclectique, une introduction à la fois expérimentale et très personnelle.

Quel est le premier souvenir musical marquant dont tu te souviennes ? Puis quand as-tu pris conscience du chemin que tu allais suivre ?
Je n'ai pas eu de révélation soudaine, j'ai plutôt fini par comprendre et réaliser au plus profond de moi que c'était ce que j'étais, pour le pire et pour le meilleur. J'étais une enfant un peu solitaire, et d'aussi loin que je me souvienne la musique a toujours été pour moi la plus grande source de joie et le meilleur moyen d'expression.

Que s'est-il passé plus tard pour que tu choisisses de prendre ton indépendance artistique ?
J'ai eu le genre d'expérience négative dont on entend souvent parler avec les grosses maisons de disques. Après cela, j'ai lancé mon propre label et j'ai commencé à sortir moi-même mes albums. Dans l'ensemble, même si cela a été assez dramatique à l'époque, cela s'est révélé être une expérience enrichissante.

Si tu remontais le temps à différentes périodes de ta vie, quels conseils te donnerais-tu à toi-même ?
C'est marrant, c'est une question qui revient souvent. Je n'aurais sans doute pas suivi mes conseils, et j'aurais eu à apprendre à mes dépends. Je pense que la chose la plus importante que j'ai apprise est que dans toute collaboration, même dans toute relation de façon générale, il est toujours bon de se rappeler que peu importe qui vous dit de faire autrement et qu'importe l'expérience que cette personne a, il faut savoir dire non à quelque chose qui vous ne vous paraît pas authentique en tant qu'artiste. Il faut par contre apprendre à faire la distinction entre un "non" qui t'empêchera d'avoir plus tard des regrets, et un "non" qui traduit seulement la peur d'être tiré en dehors de ta zone de confort.

Venons-en maintenant à ta rencontre avec Mat puis Maynard ; comment s'est-il passé ?
C'était vraiment bizarre. Ils m'ont demandé de me rendre à Jerome, en Arizona, pour les rencontrer tous les deux et faire des essais sur quelques chansons. Mais deux semaines avant cela, je me suis faite dévorer par des punaises dans une chambre d'hôtel à Las Vegas, et mon corps était recouvert d'urticaire, y compris sur le visage et les pieds. J'espérais que ça se serait calmé d'ici-là, mais cela n'a fait que s'accroître pour me démanger de plus belle...
J'ai donc retrouvé Mat à l'aéroport, nous avons pris l'avion pour Phoenix, puis nous avions deux heures de route à faire ensemble pour arriver à Jerome. Ce pauvre Mat s'est retrouvé dans un espace confiné avec une femme hystérique : la seule chose à laquelle je pensais était en effet de m'arracher la peau. Nous sommes arrivés à destination, avec moi qui étais pratiquement dans une burqa, couverte des orteils au menton ; c'était de plus tellement insupportable que j'arrivais à peine à tenir une conversation.
Maynard était de toute façon occupé avec sa production vinicole, donc je l'ai à peine vu, et j'ai chanté "The Humbling River" avec son chat Esmeralda constamment autour du cou. Ça a été le coup de foudre, il y avait une relation et une compréhension très fortes entre nous, principalement parce que j'étais une source de chaleur et qu'elle n'avait pas de poils, mais elle m'a été d'un grand encouragement.

Comment ta relation avec eux a-t-elle évolué ?
Cela va beaucoup mieux. Il y a surtout moins d'urticaire.

Te fais-tu tes propres interprétations des textes écrits par Maynard, ou te contentes-tu de rester à la surface ? T'est-il même déjà arrivé de lui demander des explications ?
J'imagine qu'ils traduisent d'une certaine façon notre évidente insignifiance face à l'immensité de l'univers ; le sentiment de liberté et de joie que l'on atteint lorsque l'on médite sur le caractère absolu du temps et de l'éternité, et que l'on se rend compte que, bien que notre vie soit juste un minuscule grain, le rôle de chaque grain est important, unique et essentiel dans le puzzle complexe de notre existence en tant qu'entité ; l'Homme et sa relation à la Nature ; laisser tomber les trivialités de la vie pour tendre vers un ensemble plus grand. Il y a également des mots très bien choisis sur le fait d'être ennuyé par une insignifiante petite merde. Je ne sais pas, je me trompe peut-être... Je pensais que "Galileo" parlait de Galilée, et puis Maynard et moi avons eu une conversation sur le sens profond de cette chanson et je me suis sentie larguée.

Durant les concerts de Puscifer, il y a une part importante de mise en scène et de chorégraphie. Est-ce préparé ou improvisé ?
En ce qui concerne Maynard et moi, tout commence de façon spontanée, sans échanger un seul mot, et on garde tout ce qui passe bien. Nous n'avons jamais eu de conversation à ce sujet, en dehors de "Nous serons en fond de scène pendant cette chanson." ou "A ce moment de la chanson, nous nous tenons les parties."

Penses-tu que toute cette expérience imprégnera ton oeuvre solo, que tu le veuilles ou non ?
Il y a énormément de simplicité et de minimalisme dans la façon dont Puscifer travaille. Alors que j'ai tendance à tout garder "au cas où", la philosophie de Mat tend davantage à supprimer tout ce qui n'est pas utilisé ici ou là, et à essayer de créer un effet avec un son ou un mouvement pour lequel j'aurais moi besoin de gros moyens de production. J'aimerais être capable d'avoir recours à ce genre de simplicité quand c'est nécessaire. J'ai plutôt tendance à rendre les choses les plus compliquées et laborieuses possibles pour obtenir le meilleur résultat.

Merci, Carina ! Peut-on espérer plus de concerts en Europe, et peut-être bientôt un nouvel album ?
Merci ; j'ai quelques concerts de prévus au Royaume-Uni courant août. J'espère passer l'année 2017 à concevoir et sortir un nouvel album, puis de partir en tournée dans la foulée.

             


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